extrait de "rêveries et vagabondages"

08.02.2017

Regardez madame Loumain, le soir s étend, les étoiles scintillent un peu, peut être que demain le mistral aura cessé de souffler.

Peut être on ira promener, si le ciel le permet.

Peut être vous montrerais je enfin le bijou dont je vous ai parlé.

"comment est elle vous dites"?

Elle est , cette ferme, madame, un tremplin pour l esprit romantique, une piste à rêves.

Si je vous dis, ma chère que sa seule vue rend à l homme fatigué tout son courage et tout ses espoirs.

La maison est souvent fermée, il faut entendre par là, que seuls de petits verrous ont été tirés sur les portes fenêtres usées par le temps.

Mais de toute façon, nul besoin de mettre les volets, celui qui veut entrer dans la maison entrera, avec ou sans volets.En vérité c est une jolie cabane ,vous savez, comme moi, le luxe réside souvent dans la simplicité.

La ferme agrandie, sur les hauteurs de saro est un havre de paix, une réconciliation avec la vie, un deuxième souffle, un ermitage, un magnifique purgatoire entre l enfer de la terre et le paradis céleste.( "dieu pense à moi pour le paradis" et elle se signa)

Elle n a rien en soi de bien extraordinaire cette ferme en pierres, mais elle est posée sur une colline, au milieu d immenses et terribles montagnes aux cimes déchirées.Elle est là, seule, bien debout, son altier châtaignier juste devant en garde fou, résistante aux vents, tempêtes, neige et autres canicules.

Ses petits yeux verts percent la maison de part et d autres, une vigne vierge recouvre une partie de la façade sud,d immenses ronces et mauvaises herbes grimpantes recouvrent les façades ouest rappelant à ses habitants, qu' ici , c est la nature qui décide, l homme propose, la nature dispose.

Seuls quelques roses trémières, lavandes, pivoines et autres massifs montrent la présence de ses propriétaires humains.Ils sont un peu comme invités là bas vous savez.

les vrais habitants de ce quartier,madame, ce sont les renards affamés, les lièvres aux pattes interminables,les sangliers téméraires , les biches silencieuses et les milliards d insectes grouillant sous le tapis vert.

Les soirs de chaleur, les chauves souris sortent des toits, volent au dessus des têtes tandis que le jour tombant , les hirondelles trissent en faisant de la haute voltige au dessus du bassin, en profitant pour se désaltérer d un coup de bec tout en se contorsionnant.

les propriétaires? je vais vous en parler madame, mais d abord,fermons cette fenêtre,nous devenons fadas avec ce vent.

extrait des " rêveries et vagabondages"