Le noctambule

17.02.2017

Tous les soirs, durant des années, Anna couchée, le vieil homme restait debout jusque très tard, non pas pour rêver devant le feu qui s éteignait, mais pour attendre le moment propice ou le sommeil arriverait.

La ville repose, tous les habitants dorment, le vent tourne avec un bruit glauque tout autour de sa maison, les cimes des arbres dansent, les voix de fantômes s infiltrent dans ces espaces de désolation, dans ces tornades,donnant ainsi une âme, qui gémit de douleur et de colère.

Il pense aux âmes parties, aux âmes trépassées, il voudrait bien leur parler, il voudrait autour de l âtre, continuer les conversations arrêtées trop tôt, il voudrait parler avec elle.

Nul bruit, nul froissement, juste le vent qui se plaint , et cette sensation de ne pas être seul.

Divagations de l esprit?Fatigue exacerbée?fou à lier?

Il s assoie tranquillement, remonte le coussin en velours contre le dossier, croise les jambes, penche la tête en arrière, et cédant peut être au sommeil, se met à converser avec Suzanne.

"Suzanne, c est bien toi ?"

Entonnant un kyrie, il tient la main de Suzanne.Petite et fine.Il devine l ombre sur la chaise en paille voisine.

Quelques souvenirs , s emmêlent, c est un peu la pagaille, mais il entends son souffle un peu rauque.

"Paul"

Sa main est bien froide,elle est si "pierreuse".

Dans son vieux coeur, la vie reprend forme et couleur.Il sent son parfum, il voudrait regarder, mais ses yeux restent clos, on ne sait jamais ..il a peur de n être qu un voyageur égaré .

Avec beaucoup de douceur, faite de tendresse et d infini ,il nage vers les rives des souvenirs amoureux.Suzanne...

Son sourire, ses lèvres, et son rire, et ce port de tête qui se tord, avec la joie qui lui étreint la gorge.

"tu es si belle"

Il se prend à espérer, il relève doucement la tête.

La flamme a cessé de danser dans la cheminée, l ombre a arrêté de bouger et le vent de gémir.

Il se fit un profond silence, il retint sa respiration.